« Étude sur l’ombre chez Caravaggio » (2018) – concert « figures, portraits, ruines: musique pour piano » (nov. 2022)

« Étude sur l'ombre chez Caravaggio » (2018)

« Étude sur l’ombre chez Caravaggio » (2018), piano solo

interprète: Edgar Bonilla
concert « figures, portraits, ruines: musique pour piano »
25 nov. 2022, 19h, amphi X, Université Paris 8
compositions: Héctor Cavallaro
interprètes: Jesús Joves & Edgar Bonilla
captation image/son: Cédric Namian & Aurélien Bourdiol

(fr) « Étude sur l’ombre chez Caravaggio » (2018) : partant du clair-obscur du peintre baroque italien Caravaggio, cette pièce pour piano puise dans l’ombre comme région spectrale dramatique, autant lumineuse que sonore. Au centre de la partition se trouve un « objet baroque » avec une certaine « obscurité », comme un accord issu d’un autre temps. À partir de cet objet central se déploient des « prolongations géométriques » tout au long du piano, dont la résonance grave est constante, afin de sculpter une certaine « ombre », avec sa densité et sa force dramatique.

(esp) « Étude sur l’ombre chez Caravaggio » (2018): partiendo del claroscuro del pintor barroco italiano, Michelangelo Merisi da Caravaggio, esta pieza para piano escarba en la sombra como región dramática y espectral, tanto luminosa como sonora. En el centro de la partitura se encuentra un “objeto barroco” cargado de cierta “oscuridad”, como un acorde que proviene de otra época. A partir de este objeto central se despliegan ciertas “prolongaciones geométricas” a lo largo del piano, cuya resonancia es grave y constante, con el fin de esculpir una cierta “sombra”, con su propia densidad y fuerza dramática.

« Le clair-obscur consiste à moduler la lumière sur un fond d’ombres en créant de forts contrastes qui suggèrent le relief et la profondeur. Cette technique a le pouvoir de rendre les choses présentes et réelles par son traitement subtil de l’ombre et de la lumière. Pour la première fois dans l’histoire de l’art, le clair-obscur utilisé par le Caravage devient l’agent dynamique essentiel de la composition : c’est lui qui orchestre l’action, qui oriente [le] regard et qui choisit ce qui doit être vu [...] Toujours extérieure au tableau, la lumière s’introduit latéralement dans la scène et guide l’œil vers l’essentiel. Cet usage extérieur de la lumière apporte une dimension symbolique et spirituelle, et participe autant à la compréhension de la scène qu’à sa sacralisation. Il permet aussi de créer une profondeur sans avoir recours aux artifices de la perspective linéaire. »

Coline Franceschetto, Le Caravage et les jeux de lumière : L’enfant terrible du baroque italien, « Artistes » numéro 1, éditions 50 Minutes, 2014, p.14-15.

(esp) “La técnica del claroscuro consiste en modular la luz sobre un fondo de sombras, creando así fuertes contrastes que sugieren relieve y profundidad. Esta técnica tiene la capacidad de transformar los objetos en elementos “realistas” gracias a su tratamiento sutil de la sombra y de la luz. Por primera vez en la historia del arte, el claroscuro de Caravaggio se vuelve el principal agente dinámico de la composición: es él quien orquesta la acción, quien orienta la mirada y determina lo que debe ser visto. La luz, siempre externa al cuadro, es introducida lateralmente en la escena y guía el ojo hacia lo esencial. Este uso externo de la luz aporta una dimensión simbólica y espiritual; así pues, participa tanto a la comprensión del cuadro como a su sacralización. De la misma manera, permite crear una profundidad sin recurrir a los artificios de la perspectiva lineal.” [trad.]