Cadran solaire

Cadran solaire / Reloj solar
Création: Apolline LARHANT - Guedalia REYNAUD - Harry BRACHO - Ines COVILLE - Marie de MONTAIGNAC - Marta MUNUCE - Nelly TODOROVA
Musique: Cinco imágenes (basadas en paisajes vericales) (2013) - Héctor Cavallaro
©Vidéo-danse Paris 8 - 2016
La Villette, Paris 2016.

« Christian Wolff fit un jour remarquer que, à la fin, tout devient mélodie. C'est vrai. Le temps délaye la complexité. En définitive, nous en restons au plan de l'unidimensionnalité : au cadran de l'horloge et non pas au mécanisme dissimulé par-derrière. La relation du son au temps ressemble à un cadran solaire, dont l'aiguille secrète se déplace de manière invraisemblable tandis qu'elle poursuit sa course. Mais si nous déduisons de cela que l'être du son est un principe presque naturel, alors nous pourrons observer notre cadran solaire à un moment où, même si le soleil ne brille pas, il reste tout à fait clair. De façon paradoxale, précisément à ce moment-là, le temps est moins fuyant. Toutes les ombres ont disparu et nous laissent derrière elles un objet effiloché par le temps. À cet instant, on prend moins le temps véritable comme mouvement, mais on le saisit plutôt comme une représentation. Dans le premier cas, notre son-temps est l'exploration très scrupuleuse d'une lumière délimitée, qui deviendra bientôt le regard rigide de la mélodie. Dans le second cas, le temps demeure dans le son. On y trouve encoure du mouvement : mais celui-ci n'est rien d'autre que la respiration de la sonorité elle-même »

 

Morton Feldman, Pensées Verticales, 1964

“Christian Wolff once remarked that eventually everything becomes melody. This is true. Time does untangle complexity. We are eventually left with the one-dimensional — with the face of the clock rather than the workings of its inner parts. Time in relation to sound is not unlike a sundial whose enigmatic hand travels imperceptibly throughout its journey. But if sound has as its nature almost being nature, let us then observe our sundial in those moments when there is no longer sun, yet abundant light. Paradoxically, it is at this moment that time is less elusive. All shadows have left, leaving us a weathered object. In these moments time itself becomes less perceptible as movement, more conceivable as an image. In the former case our time-sound is in full scrutiny as a measured light, soon to become the fixed stare of melody. In the latter, time has transfixed itself within the sound. There is still movement — but it has become nothing more than the breathing of the sound itself.”

 

Morton Feldman, Vertical Thoughts, 1964